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MOHAMMED À LA MECQUE

Les livres de la tradition musulmanes – Hadiths – rapportent que
Mohammed dénommait ces prières Tahanounoth, ce qui est une
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désignation hébraïque de la prière . Son maître lui enseigne que
prier à l’aube et le soir au coucher du soleil est obligatoire,
tandis que le faire la nuit est facultatif : « Invoque ton S-
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eigneur en toi-même, en humilité et crainte, à mi-voix , le matin
et le soir » (7, 205) ; « Accomplis la prière au coucher du soleil
jusqu’à l’obscurité de la nuit, et aussi la lecture à l’aube, car
la lecture à l’aube a des témoins, et celle de la nuit consacre une
partie pour la prière surérogatoire » (17, 78).
Cela correspond aux rites des juifs. Leurs prières du matin, le
Chaharith et celle du coucher du soleil, la Minhah, sont
obligatoires. Celle du soir, Arvith, bien que généralement
pratiquée, est facultative (Talmud Bérakhot 27 B).
Le fait que les musulmans prient cinq fois par jour surprend,
mais ils justifient cela par un hadith. À la Mosquée, ils
psalmodient les versets du Coran. Leurs offices commencent par la
récitation des sept versets de l’introduction – la Fatiha, inspirée
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du premier Psaume de David .
Mohammed prêche aux Arabes
Après que son maître ait éduqué Mohammed dans la foi, il lui
demande de s’exprimer devant les Arabes : « Ô toi, le revêtu d’un
manteau, lève-toi et avertis ! » (74, 2) ; « ’Iqra’ [la traduction
littérale de l’hébreu est : lis, enseigne, publie, prêche] au nom
de D-ieu qui a créé l’homme d’une adhérence. »
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Le maître encourage Mohammed. Il doit exhorter les Mecquois à
abandonner leurs idoles, comme l’aurait jadis demandé Noé aux
hommes de sa génération : « Noé dit : S-eigneur, ils m’ont désobéi
[…] et [les mécréants] ont dit : Ne renoncez pas à vos divinités.
N’abandonnez ni Wadd, ni Suva, ni Yaguq, ni Yauq ni Nasr » (71,
23). Le Nasr était la divinité principale de l’Arabie (Talmud
Avodah Zarah 11 B). Son culte a été pratiqué plus de dix siècles
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avant l’apparition de l’islam . Le maître met ces paroles dans la
bouche de Noé, car les païens ont attribué une vertu salvatrice à
l’idole du Nasr, une planche – nésér en hébreux – supposée provenir
de l’arche de Noé (Talmud Sanhédrin 96 A).
Dans un premier temps, les Arabes de La Mecque se dé-
sintéressent, ou pire, s’amusent des sermons de Mohammed. Son
maître lui suggère alors de les menacer de graves conséquences. Il
leur raconte ce qu’il advint à ceux qui désobéirent aux Messagers
de D-ieu : la génération de Noé fut noyée dans un déluge, les
habitants de Sodome furent anéantis pour avoir persiflé Lot et ri
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de ses menaces . Quand Pharaon douta des avertissements de Moïse et
d’Aaron, ces derniers accomplirent des miracles et ruinèrent son
peuple .
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70 Voir Watt, Mohammed, Paris, Payot, 1959.
71 Instruction talmudique, Talmud Bérakhoth 31 A.
72 Les autres versets de ce psaume se retrouvent dans d’autres sourates (Coran
14, 24-27 et 4, 140).
73 Coran 96, 1-3. Selon l’exégèse musulmane, c’est un ange qui dit à Mohammed
dans un songe : « iqra », qui signifierait : lis ! L’ange a tenu un livre ou des
tablettes en mains, sur lesquelles était écrit ou gravé le Coran Mushaf ‘Uthman,
et il demande à Mohammed de le lire. Voir plus loin notre commentaire.
74 Voir Rois II 19, 37.
75 Coran 54, 17 ; 54, 32.
76 Coran 26, 10 ; 44, 16.



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